La surveillance des médias
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La surveillance des médias est un nouvel outil de participation
important pour les citoyens. La mondialisation et la concentration des
médias ont fait en sorte que les médias ne tiennent pas
compte des opinions divergentes et minoritaires. La surveillance des médias
est donc essentielle non seulement pour lanalyse du contenu, mais
également parce quelle sensibilise les citoyens au fait quils
peuvent interagir avec les médias, avoir des opinions sur les produits
médiatiques, et quils ont le droit de remettre en question
les messages médiatiques et de proposer des alternatives.
Les groupes de femmes ont démontré que la surveillance
donne la preuve irréfutable des déséquilibres persistants
dans la façon dont les médias représentent les femmes
et les hommes, en ce qui concerne leur statut et leur expertise. En utilisant
cette preuve de façon positive, les femmes peuvent entamer un dialogue
avec les médias et les inciter à faire des changements positifs.
Les résultats de
la surveillance sont comme des miroirs placés devant les médias.
Ils exposent les irrégularités et les défauts, mais
ils peuvent aussi indiquer les domaines à améliorer et,
le cas échéant, les réussites quil vaut la
peine de louer et de répéter. Les initiatives de surveillance
des médias sont un élément essentiel non seulement
pour faire avancer les droits des femmes mais pour assurer le plein épanouissement
de la démocratie. Le journalisme est un service public et ceux
qui surveillent les médias veillent à ce que le public soit
bien servi quon lui fournisse la pluralité dopinions
et de points de vue qui lui sont nécessaires pour faire des choix
éclairés et prendre des décisions en connaissance
de cause.
Situation mondiale
En 1995 et en 2000, une
journée a été choisie pour mener une initiative de
surveillance des médias à léchelle du monde.
Cette initiative était coordonnée par le Projet mondial
de surveillance des médias et lAssociation mondiale
pour la communication chrétienne (AMCC). En 1995, MediaWatch
Canada a également pris part à la coordination de ce
projet.
Le 18 janvier 1995, la surveillance a été effectuée
dans 71 pays. Le 1er février 2000, 70 pays y ont participé.
Dans lensemble, les principaux résultats des deux surveillances
étaient assez semblables ; en 1995, les femmes faisaient lobjet
des nouvelles à la radio, à la télévision
et dans les journaux à raison de 17 % ce jour-là, tandis
quen 2000 elles en représentaient 18 %, contre 83 %
et 82 % pour les hommes respectivement.
Des centaines de volontaires dans tous les pays participants ont
effectué la surveillance, en respectant des directives spécifiques.
Les objectifs généraux du projet, outre lobtention
de données concrètes, étaient de renforcer la solidarité,
la l'éducation médiatique et la promotion de la cause des
femmes dans les médias.
Selon les organisateurs,
le premier projet mondial de surveillance a aidé à démystifier
la recherche, offrant aux réseaux de femmes, aux activistes des
médias, aux étudiants et aux groupes de communication et
de développement loccasion de surveiller la représentation
en fonction du sexe dans les médias et les outils pour le faire.
Le second projet est allé un peu plus loin en examinant de nouvelles
questions et a élargi lusage de la recherche en donnant aux
groupes de surveillance plus danalyses contextuelles, y compris
des résultats par pays pour leur propre travail déducation
et de promotion.
Les conclusions de ces initiatives de surveillance indiquent la
nécessité dutiliser les résultats, et de les
dépasser, en développant des interprétations et des
compréhensions qui puissent aider les professionnels des médias
et les publics à reconnaître les façons subtiles de
construire la représentation des hommes et des femmes. Ces mesures
aideraient à établir un dialogue constructif avec les professionnels
des médias, à organiser des initiatives de formation dans
le domaine des médias et à poursuivre la surveillance pour
suivre les progrès. Les conclusions ont été publiées
et peuvent également être obtenues sur Internet.
Afrique
Lorganisme Women´s
Media Watch a commencé son travail à Cape Town en Afrique
du Sud en 1995. Ses activités sont la surveillance des médias,
la promotion, lactivisme, lorganisation dateliers de
conscientisation sur le thème des médias et des femmes et
la production de bulletins de nouvelles, de documentaires et démissions
radiophoniques sur les chances égales pour les femmes dans les
médias.
Women´s Media Watch est convaincu que les médias peuvent
jouer un rôle significatif dans le processus de construction de
la nation en modifiant leurs critères de publication et en témoignant
de la diversité de la population de leurs pays. Ses membres agissent
en tant que chiens de garde des médias. Leur activisme et leurs
paroles exercent des pressions constantes sur les médias pour quils
acceptent de changer.
Asie et Pacifique
En Chine, un groupe
de femmes journalistes affiliées à lAssociation
des femmes journalistes de la capitale (CWJA) a entrepris en mars
1996 un Projet de surveillance des médias. Le groupe
a effectué plusieurs sondages sur la couverture des femmes dans
les informations des grands médias. Il a publié des essais
et des recherches sur les médias alternatifs des femmes et les
médias conventionnels. En 1997, il a mis à la disposition
du public une ligne de téléphone 24 heures sur 24 pour encourager
sa participation à la surveillance des médias. Il a également
pris part à des débats dans les émissions de télévision
et de radio et dans les journaux, tels que le China Women's News,
un quotidien national. Il a également organisé des ateliers
de formation sur les rapports hommes-femmes auxquels ont pris part des
femmes journalistes de groupes minoritaires, des fonctionnaires et des
membres du public.
La CWJA a tenu des séminaires
sur la sensibilité à la cause des femmes et le reportage
médiatique à lintention de représentants de
presse nationaux et étrangers et de fonctionnaires. Les dirigeantes
de la Fédération des femmes de Chine ont aussi tenu une
discussion en table ronde avec des rédacteurs en chef des grands
médias nationaux et ont soulevé les problèmes du
manque de sensibilité et de discrimination envers les femmes dans
la couverture des questions relatives aux femmes. Même si certains
participants ne se sont pas montrés très réceptifs,
dautres ont signalé les résultats de la discussion
à leurs chefs de service respectifs.
Un des résultats
concrets des activités de surveillance a été la constitution
dun sous-comité de femmes journalistes appartenant à
des minorités ethniques et, le 8 mars 2000, la CWJA a demandé
à tous les grands médias à Beijing de permettre aux
femmes de devenir rédactrices dun jour. Plusieurs journaux
ont répondu à lappel.
Europe et Amérique
du Nord
Le Gender Studies Center, un centre dinformation doté
dune bibliothèque et situé à Prague en République
tchèque, a créé en 1998 le premier site Web de
femmes en langues tchèque et slovaque, femininismus.cz.
Le Centre prévoit publier de linformation sur la condition
de la femme dans le pays dans lintention dinformer le public
et les médias des enjeux et des activités des femmes.
Le Centre utilise le site Web en guise de médium parallèle
pour publier des nouvelles et de linformation qui seraient censurées
dans les médias de grande diffusion. Il surveille la production
médiatique et publie une chronique intitulée " La
bombe sexiste de la semaine " qui relève et commente
les articles de journaux et les émissions de radio et de télévision
ainsi que les publicités qui représentent les femmes sous
un jour négatif et stéréotypé. Les auteurs
sont avisés du fait que leur article ou leur émission figure
dans la chronique. Les organisatrices espèrent que ce genre dintervention
aidera à corriger les médias.
Le réseau MediaCritic " Tout est possible "
a été fondé à Göteborg en Suède
en 1992, en réaction au portrait stéréotypé
et toujours dévalorisant des femmes dans les médias suédois.
Le réseau, qui compte 70 membres, cherche à encourager les
consommateurs des médias à réagir aux représentations
des femmes avec lesquelles ils ne sont pas daccord. Le groupe a
adopté plusieurs stratégies : former un groupe éclairé
pour apprendre à analyser les médias ; signaler le
matériel discriminatoire au Conseil suédois contre la discrimination
sexuelle ; envoyer des cartes postales de protestation aux réalisateurs ;
et faire des présentations un peu partout pour parler de limage
de la femme dans les médias, à lintention des professionnels
des médias, des enseignants et des intervenants uvrant pour
légalité des femmes, etc.
Au Canada, Évaluation nationale des images des
femmes dans les médias Inc. (Évaluation-médias)
est une organisation de surveillance des médias qui travaille en
anglais et en français. Cette organisation est devenue autonome
en 1983, ayant commencé en tant que sous-comité du Comité
canadien daction sur le statut de la femme. Les membres du Comité
canadien sont des femmes qui sont expertes dans leurs domaines. Évaluation-médias
compte sur leur expertise et leurs contacts pour atteindre ses objectifs.
Son but primordial est
de veiller à lexistence dun environnement médiatique
dans lequel les femmes soient représentées de façon
réaliste et équitable en tenant compte de leur diversité
physique, économique, raciale et culturelle. À cette fin,
lorganisation sensibilise les organes de presse, le gouvernement
et le public à ce sujet. Évaluation-médias mène
des recherches et facilite laction communautaire.
Dans un récent projet de recherche en partenariat avec lUniversité
de Toronto, elle a étudié les réactions de jeunes
adolescentes (de 11 à 14 ans) quant à leffet des médias
sur leur image corporelle et leur estime de soi. Elle a distribué
les résultats aux groupes, individus et organismes appropriés
dans lespoir quils sen servent pour sensibiliser le
public en général, les organismes médiatiques et
les autorités de réglementation de lindustrie.
Au cours des années, Évaluation-médias a influencé
les politiques publiques, éduqué et mobilisé les
consommateurs pour quils revendiquent des changements et a substantiellement
contribué à la recherche dans ce domaine. Au moyen de ses
études analytiques et de sa sensibilisation du public, Évaluation-médias
travaille auprès des professionnels de la santé, des éducateurs,
des chercheurs, des étudiants, des membres de la communauté
et du personnel des médias et de lindustrie, pour leur expliquer
comment certaines représentations des femmes et des filles dans
les médias influent sur limage corporelle et lestime
de soi des individus.
Amérique latine
et Caraïbes
En Amérique du Sud, quatre organisations de femmes du Chili,
dArgentine, du Paraguay et dUruguay se
sont regroupées au sein du Groupe de communications du Sud
pour collaborer à un projet de surveillance des médias qui
englobait la presse, la radio et la télévision dans chacun
de leur pays. Après avoir établi des directives communes
et rédigé des questionnaires, elles ont mis en uvre
leur projet de surveillance en juin 1999. Leurs conclusions nont
pas différé des résultats dautres initiatives
de surveillance. Néanmoins, ces organisations de femmes ont trouvé
la comparaison des résultats de leurs différents pays et
la planification conjointe de futures actions de lobby très intéressantes.
Elles considèrent que leur contribution consiste à produire
de linformation indépendante qui ne soit pas dominée
par les intérêts de marché. Étant donné
que la plupart des études sur les médias sont associées
à des intérêts commerciaux, elles ont estimé
quil était nécessaire de produire de linformation
parallèle au sujet des médias qui réponde aux intérêts
sociaux. Elles ont également jugé quil était
important dobtenir des données quantitatives sur la présence
des femmes dans les médias, danalyser dans quelles circonstances
les femmes paraissent dans les médias et la façon dont elles
sont représentées.
Womens Media Watch (WMW) de Jamaïque a
été fondée en 1987 à titre dorganisation
non gouvernementale, apolitique et bénévole ayant pour but
de conscientiser le public aux causes de la violence sexuelle à
légard des femmes et des filles et de la violence en général,
pour établir des liens entre la violence dans les médias
et la violence sexuelle.
Le travail général
de lorganisation comprend un programme de vulgarisation qui utilise
les méthodes déducation populaire comportant des discussions,
des ateliers et des séminaires dans les écoles, dans les
établissements denseignement supérieur, auprès
des groupes communautaires et des professionnels des médias à
léchelle locale et régionale ; une surveillance
des médias et des études sur la représentation des
hommes et des femmes dans les médias de grande diffusion ;
des efforts de lobby et des dialogues avec les membres des communautés
de la publicité et des médias ; la production de ressources
(matériel imprimé et audiovisuel) sur les questions de parité
hommes-femmes et les médias ; la participation à des
conférences nationales, régionales et internationales traitant
de la femme et des médias.
Au cours des douze dernières années, WMW a animé
plus de 400 ateliers et séances de formation, au niveau local et
régional, auxquels ont participé plus de 10 000 personnes.
Un nombre indéterminé dautres personnes ont été
sensibilisées par le biais des médias locaux. Par de telles
activités, l'organisation sattache délibérément
à développer les compétences nécessaires pour
faire la critique des médias, à renforcer la sensibilité
à la cause des femmes et la vigilance à l'égard des
médias parmi ses publics cibles. Au fil des années, elle
a reçu des appels de citoyennes lui demandant de les aider à
sopposer aux images stéréotypées et négatives
des femmes dans les médias. La majorité de ces personnes
ont participé à un ou plusieurs des programmes de vulgarisation
de l'organisation.
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