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La promotion

Sur le plateau de tournage de la télévision interactive pendant la Session extraordinaire de l'ONU " Femmes 2000 ", New York, juin 2000. Échanges entre des représentantes d'ONG du monde entier sur la santé : à gauche, Princesse Happy, du Cameroun ; à droite, Dominique Foufelle, de France.
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La promotion est devenue un élément essentiel du travail de nombreuses femmes dans les médias et les organisations de communication ainsi qu’un point primordial de la Section J. Qu'elle se fasse auprès d’autres organisations de femmes, des médias, du gouvernement ou d’organisations de la société civile, la promotion est indispensable pour faire modifier la façon dont sont représentées les femmes dans les médias.

Afrique

À Accra, au Ghana, le programme Women´s Voices a été créé pour évaluer l’impact des initiatives gouvernementales visant à mettre en œuvre les recommandations de Beijing. Il a porté une attention particulière à l’engagement du Ghana dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’autonomie économique et de l’éducation des filles. Le programme constitue également une tribune pour les femmes qui n’ont pas eu l’occasion d’exprimer leurs préoccupations et de discuter de leurs besoins.

Le programme a été élaboré en collaboration avec des groupes choisis : groupes communautaires de femmes, ONG ghanéennes et organismes internationaux travaillant avec les femmes des communautés. Un docudrame a servi à illustrer les problèmes économiques et à surmonter les barrières culturelles pour parler franchement de la santé génésique. La dynamique qui a aidé à réaliser de courtes émissions radiophoniques comportait des entrevues, des commentaires, des témoignages personnels et des discussions de groupe qui servent encore à animer des discussions sur ces sujets.

Asie et Pacifique

Aux Philippines, le Philippine Centre for Investigative Journalism (PJIC) a établi en 1995 un bureau Femmes (Women´s Desk), afin de préparer des enquêtes-reportages et des articles de fond sur les questions femmes. Depuis lors, 28 rapports ont été rédigés, constituant des documents crédibles et dignes de foi que les chroniqueurs et les fonctionnaires ont discutés dans les journaux et sur les ondes. Par exemple, en juillet 1995, le président Fidel Ramos, au pouvoir à l’époque, a demandé qu’on mette fin aux voyages organisés de touristes du sexe à la suite d'un reportage exclusif du Bureau sur la visite clandestine d’activistes australiennes à Angeles City, où l’on soupçonnait que des gangs australiens dirigeaient une entreprise florissante de tourisme du sexe.

En 1996, le Bureau a produit plusieurs enquêtes-reportages sur la lutte des femmes pauvres des villes qui cherchent à surmonter la pauvreté, la violence et le sida. Un de ces reportages a été choisi comme finaliste au premier Prix d’excellence pour un article sur les femmes et le sida. Ce prix est commandité par le Programme des Nations Unies sur le VIH/SIDA et le Projet de prévention et de contrôle du sida. Le reportage, qui était en compétition avec 120 articles internationaux, a obtenu la deuxième place.

Le projet fut un véritable défi : il fallait convaincre les rédacteurs d’accepter de rédiger leurs reportages dans une perspective sexospécifique. Le Bureau a été agréablement surpris de découvrir que les médias acceptaient volontiers leurs écrits sur des sujets tels que la contraception, l’agriculture, les relations de travail, l’éducation, la santé et la nutrition.

À New Delhi en Inde, le Centre For Advocacy and Research (CFAR) oriente son travail vers les domaines de la promotion et de la recherche dans, et sur, les médias. Il surveille la presse écrite, la radio et la télévision ; il effectue des sondages sur les tendances émergentes et, avec les résultats de la recherche, cherche à conscientiser les médias au sujet des questions critiques. Le CFAR porte une attention spéciale à la télévision qui, au cours des 10 dernières années, a connu une croissance phénoménale. Avant les années 90, la télévision était contrôlée par l’État en Inde. Actuellement, elle compte 40 chaînes dont la plupart appartiennent à de grands organes médiatiques.

Le CFAR surveille les informations et les actualités, les feuilletons et les séries télévisées, les comédies de situation, les émissions débats et les jeux télévisés qui exigent tous des normes distinctes et une compréhension du fonctionnement de chaque type d’émission dans le contexte indien. Les outils de surveillance sont adaptés périodiquement pour suivre les développements du style et du contenu de la programmation. En plus de sa surveillance, le Centre mène des recherches auprès du public pour déterminer ce que les téléspectateurs regardent, comment ils le regardent, quand ils le regardent et dans quelle mesure les programmes ont un effet sur eux. Grâce à ces interactions avec des groupes de téléspectateurs, le Centre a pu documenter leurs préférences et, en donnant une identité à ces groupes, les a aidés à mieux comprendre leurs droits en tant que consommateurs.

L’information obtenue au cours de la surveillance et de la recherche sert aux efforts de promotion. Le CFAR a constitué des Tribunes de téléspectateurs dans des villes du nord de l’Inde (New Delhi, Lucknow, Ahmedabad et Mau) pour permettre aux téléspectateurs d’exprimer leurs opinions de manière opportune et organisée. Le Centre a conçu des modules de formation en promotion à l’intention des intervenants de la base, comportant des suggestions simples et efficaces sur la façon d’interagir avec les médias, de présenter les questions de façon claire et compréhensible tout en conservant l’attention des médias. Quatre modules de formation ont été préparés sur les thèmes suivants : Images et politiques de la télévision, Publicité, Lois médiatiques et Technologie (On peut les visiter à l’adresse suivante : www.viewersforum.com).

La Tribune entretient des dialogues réguliers avec les décideurs, les directeurs de chaînes, les réalisateurs, les producteurs, les acteurs, les publicitaires et les organes de réglementation de l’industrie. Les membres de la Tribune publient un bulletin d’information périodique intitulé Viewers’ Voices en anglais et Nazariya (" point de vue ") en hindi.

Le CFAR informe les décideurs gouvernementaux, les dirigeants de réseaux publics et privés et les directeurs de programmes au sujet des tendances de la programmation, des opinions du public et d’autres questions pertinentes. Il prend grand soin de garder ouvertes ces importantes voies de communication de sorte que les télédiffuseurs qui définissent les nouvelles normes et pratiques soient plus ouverts et sensibles aux besoins des femmes.

Monde arabe

Au Caire, en Égypte, le Conseil de la population et le Groupe international Future ont organisé une intervention sur les communications en vue d’augmenter le nombre d’articles sur la santé génésique paraissant dans les journaux et les publications arabes. Leur intention était de constituer un réseau de journalistes spécialisés dans ce domaine, d’approfondir leurs connaissances dans des sujets spécifiques associés à la population et à la santé génésique, d’améliorer le contenu et la qualité des reportages dans la presse de langue arabe, et d’élargir la couverture des questions associées à la santé génésique dans un choix de grands journaux quotidiens et hebdomadaires et de magazines en Égypte. L’intervention visait également à renforcer les réseaux professionnels de journalistes talentueux qui s’intéressent aux questions de santé génésique.

Les activités comportaient quatre tables rondes auxquelles participaient des chercheurs éminents ; la compilation d’un dossier de ressources distribué aux journalistes qui assistaient aux tables rondes ; et des séances de brainstorming pour réfléchir aux types d’articles qui pourraient être rédigés sur ces questions. Des contacts réguliers ont été maintenus avec les journalistes après chaque réunion.

Des coupures de presse ont été recueillies tous les jours, notamment dans tous les journaux et magazines que représentaient les membres du groupe, et ont été passées en revue périodiquement. Une analyse du contenu des coupures de presse a été effectuée pour examiner le nombre d’articles et la qualité des reportages. Ces démarches ont servi à déterminer l’espace général consacré à ces questions dans la presse égyptienne ainsi que la profondeur et la diversité de l’information présentée. Le réseau de journalistes constitué par ce projet reste actif et échange régulièrement de l’information sur les questions de santé génésique.

En raison du succès de cette intervention sur les communications, il a été décidé de répéter le projet à Jakarta en Indonésie et à Dhaka au Bangladesh.

Amérique latine et Caraïbes

À Haïti, le Bureau des femmes du Centre de recherche et d’action pour le développement (CRAD) et son Service d’information (SICRAD) publient un magazine populaire mensuel sur les questions concernant les femmes intitulé KOME : journal popile fanm.

Le Bureau des femmes travaille principalement auprès de femmes des régions rurales dans les domaines de l’éducation et de la santé dans une perspective femmes ; il s’est joint à la lutte des femmes haïtiennes pour la démocratie et les droits à la liberté d’expression. Kome est un espace où les femmes peuvent discuter des enjeux et couvrir les activités des organisations de femmes. Le magazine a de bons rapports avec les organisations communautaires et les stations de radio. Il est publié en créole, la langue nationale d’Haïti. Il comporte également des versions audio et électronique. La version audio est destinée principalement aux femmes des zones rurales, qui sont pour la plupart analphabètes. Les femmes sont encouragées à fournir de l’information, à rédiger des chroniques et des articles.

Calandria, une ONG de communication de Lima, au Pérou, a organisé une série de Campagnes nationales de communication qui ont été couronnées de succès. Les campagnes ont débuté en 1996 et portaient sur les droits des femmes et leurs efforts pour combattre la discrimination. L’équipe de Calandria s’est rendu compte qu’elle devait accompagner son travail d’éducation, de sensibilisation et de lobby d’une campagne qui pourrait attirer l’attention des médias et utiliser les outils de la communication pour se faire entendre au niveau de la communauté.

Les campagnes comprenaient un sondage pour examiner plusieurs questions : l’équité hommes-femmes au Congrès ; les progrès perçus des démarches de Beijing+5 ; la participation des femmes à la politique et aux élections municipales, etc. Les résultats du sondage ont été présentés lors d’une manifestation publique. Une bande vidéo, des manuels et des brochures ont servi à présenter les enjeux aux citoyens des banlieues et des zones rurales. Les résultats du sondage ont été transmis aux principaux journaux et aux stations de radio et de télévision, qui ont produit des flashs pour la diffusion nationale. Des débats vidéo ont été organisés dans les villes et villages de l’intérieur et sur la place publique des grandes villes.

Les campagnes ont établi un climat favorable à l’éducation sur la citoyenneté et les droits civiques ; elles ont promu la participation des femmes au niveau municipal et amélioré l’environnement pour les femmes politiques.

À Cuenca en Équateur, trois organisations organisent un concours annuel, le concours Femmes: images et témoignages. Depuis 1994, les organisations ALDES, HABITierra et SENDAS se réunissent chaque année pour rendre plus visible et réévaluer la participation des femmes dans la société pour l’égalité des sexes. Le concours était d’envergure nationale jusqu’en 1999 et, en 2000, il est devenu régional avec la participation d’écrivains et de photographes des pays andins (Pérou, Bolivie, Colombie et Équateur).

Le concours comporte deux volets : des témoignages sur la vie et les expériences des femmes d’une part et des photos de femmes de l’autre. Des femmes et des hommes participent au concours. Ils appartiennent à des organisations populaires, des syndicats, des fédérations d’étudiants, des ligues de ménagères, des associations professionnelles, etc. Plus de 448 documents et 194 photos ont été présentés l’an dernier. Tous les articles qui sont sélectionnés et primés sont inclus dans une publication et sont envoyés en tournée d’une ville à l’autre, suscitant un débat, des réunions et des manifestations de communication. Les témoignages et programmes sont utilisés dans la réalisation d’émissions de radio pour la diffusion.

Les organisateurs estiment que ce concours a contribué à l’égalité des sexes et à valoriser le rôle des femmes dans la famille et dans la société. Il a amélioré la perception qu’ont les hommes et les femmes des rapports entre les sexes et a renforcé la volonté d’éliminer la discrimination, les stéréotypes et les préjugés. Il a aidé les femmes à se sentir habilitées et à se considérer comme des acteurs sociaux avec des droits égaux et des chances égales.