Europe et Amérique du Nord
Section basée sur le rapport régional préparé
par Karen Banks (Association for Progressive Communication-Women's Networking
Support Programme) et Sharon Hackett (Centre de documentation sur l'éducation
des adultes et la condition féminine).
Introduction
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Entrevue avec Lenka Simerska (Gender Studies Institute, Prague)
et Malin Bjork (Lobby européen des femmes) pendant la Session
extraordinaire de l'ONU " Femmes 2000 ", New York, juin 2000.
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Ce rapport est une évaluation de la situation en ce qui
concerne les femmes et les médias dans la région CEE-ONU.
La Plate-forme daction régionale de la CEE-ONU (1994) ne
considérait pas le thème Femmes et Médias comme un
domaine critique de préoccupation, malgré les multiples
efforts de lobby de la part de nombreux réseaux dinformation
et de communication de femmes pendant le processus préparatoire.
Les conclusions des préparations régionales de la CEE-ONU
pour le Processus dexamen (janvier 2000) reconnaissent les médias
comme étant un partenaire critique dans la sensibilisation en raison
de leur influence sur lopinion publique.
Les rapports alternatifs des ONG nont pas fait grand cas
du thème général Femmes et Médias en tant
que domaine critique de préoccupation, principalement à
cause de la structure et du contenu de la Plate-forme daction originale
de la CEE-ONU, le principal document ONG utilisé comme référence
pour mesurer les progrès. Pourtant, de nombreux groupes de femmes
se rendent compte de limportance des médias et des TIC.
Les Balkans (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Macédoine,
Yougoslavie, Croatie, Slovénie)
Les questions critiques pour de nombreux groupes de femmes de la
région se situent dans le contexte de la reconstruction daprès-guerre,
de la transition dune économie centrale à une économie
de marché et de la participation à des démocraties
qui en sont au stade embryonnaire. Les groupes de femmes qui travaillent
dans les médias et le secteur des TIC savent que les médias
de grande diffusion sont tout-puissants et asservis aux lois du marché,
quils servent à propager les opinions des sociétés
patriarcales et restent en grande partie inaccessibles aux femmes. Malgré
cela, on observe un certain niveau dactivité dans la région.
Un groupe de défense des droits humains de la femme, B.a.B.e.
(Be Active Be Emancipated), qui travaille en Croatie, est très
occupé à surveiller les journaux, la télévision
et les affiches publicitaires pour déceler leur contenu sexiste,
misogyne et homophobie. Ce groupe a adopté des stratégies
innovatrices pour capter lattention de la presse : des campagnes
dautocollants (« ceci offense les femmes »,
« sexisme », « stop ») ;
des campagnes de sensibilisation au sujet du caractère injurieux
de certaines publicités de supermarché en écrivant
des lettres explicatives au propriétaire et au personnel du magasin
en question ; la production de vidéos de rap pour dénoncer
la violence à lencontre des femmes.
En Albanie, un sondage récent effectué par
une station de télévision publique a révélé
que beaucoup de gens pensent que « le langage de la haine et
de la violence qui caractérise la presse daujourdhui
en Albanie pourrait être évité si les femmes dirigeaient
les médias ». Lorsque lon a demandé à
22 jeunes journalistes de produire un journal idéal dans le cadre
dune initiative de formation médiatique, on a découvert
que les préoccupations des femmes et des jeunes, la garde des enfants
et les nouvelles technologies figuraient de façon importante en
tant que nouvelles qui avaient besoin dêtre rapportées
dans ce journal idéal.
Les femmes utilisent le courrier électronique et Internet
dans un contexte médiatique qui leur accorde de moins en moins
de place.
Pendant la guerre en Yougoslavie, les gouvernements avaient bloqué
les connexions téléphoniques entre la Croatie, la
Bosnie et la Serbie. Les groupes de femmes et les militants
pour la paix réussissaient à communiquer les uns avec les
autres dun bout à lautre de la région en utilisant
un système de lignes téléphoniques qui passaient
par le Royaume-Uni et lAllemagne. En Bosnie, Medica Infoteka contacte
des groupes de soutien en Europe occidentale par courrier électronique
pour déterminer où se trouvent les femmes bosniaques qui
ont fait lobjet de traite ou qui ont été forcées
à faire de la prostitution. Le groupe Jeunes sorcières se
rend compte de limportance de communiquer avec les jeunes femmes
pour les mettre au courant de ses activités et établir des
réseaux déchange et dentraide plus forts.
En Macédoine, lorganisation Union des femmes
utilise Internet quotidiennement pour garder les femmes et les militants
de la paix informés de sa campagne en vue de trouver une résolution
pacifique au conflit actuel à sa frontière Nord.
Bien que la plupart des gens dans la région naient
pas encore accès à Internet, ce réseau s'est révélé
un outil très utile au travail des groupes de femmes de la région.
Entre 0,13 % et 4,67 % des habitants de la région, à
lexclusion de la Slovénie, ont accès au courrier
électronique.
Les principaux obstacles à lusage dInternet
par les femmes sont laccès, le coût et le manque de
connaissances des fonctions ou des avantages dInternet. Les coûts
sont élevés à cause des monopoles des télécommunications
dans la plupart des pays. Les utilisateurs dInternet organisent
des campagnes de protestation au sujet des coûts élevés
de laccès à Internet (considérés comme
une stratégie politique pour en refuser laccès, voir
DOSTA!). La déréglementation du secteur des télécommunications
dans la région (et dans dautres pays en transition) est considérée
comme un facteur critique pour réduire les coûts de laccès
et respecter les obligations de services universels selon plusieurs initiatives
entreprises au niveau de lEurope.
La langue est un obstacle majeur à un plus grand usage dInternet
(comme cest le cas dans le Caucase et en Asie centrale). Les groupes
de femmes travaillent doublement, ayant à utiliser deux langues
si elles veulent communiquer avec les réseaux régionaux
et internationaux et s'assurer que la communauté internationale
visite leurs sites Web.
Le Caucase et lAsie centrale
La plupart des pays de cette région arrivent à la
fin de leur première décennie dindépendance
de lex-Union soviétique. Les économies sont faibles
et les institutions démocratiques nen sont encore quà
leur tout début. LÉtat contrôle encore les médias
et la presse, soit par le biais de lois nationales et de règlements
rigoureux, soit par lautocensure. La Constitution du Turkménistan
et celle de lOuzbékistan protègent la liberté
dexpression mais, dans la réalité, la presse indépendante
est souvent limitée par la pratique gouvernementale. Pendant la
guerre au Tadjikistan (de 1992 à 1997) une bonne part du
pays était fermée aux journalistes et ce pays était
considéré comme lun des plus dangereux pour les journalistes.
Linfrastructure des télécommunications est
à peine développée, particulièrement dans
les zones rurales où beaucoup de villes et de villages nont
pas de bureau de téléphone. Moins de 0,15 % de la population
(environ 100 000 habitants) a accès à Internet et seulement
quelques journaux, stations de télévision ou stations de
radio ont des sites Web.
Les médias et les initiatives TIC de femmes dans la région
Lorganisation Mama86, établie en 1986 par un groupe
de jeunes mères de Kiev après la catastrophe de Tchernobyl,
a pour objectif de sensibiliser le public aux problèmes de santé
des femmes et aux enjeux environnementaux par des échanges dinformation,
dencourager la participation du public à la prise de décisions
et de servir de soutien aux initiatives populaires. Cette organisation
utilise le courrier électronique depuis le début des années
90 pour mener des recherches, pour communiquer et pour soutenir ses groupes
membres.
Lorganisme Femmes dans les médias de masse en Asie
centrale (WIMCA) a une représentation nationale dans tous les pays
de lAsie centrale et organise toutes sortes dactivités
pour les journalistes, femmes et hommes. Son Projet de soutien aux médias
de la région dAsie centrale cherche à mettre à
la disposition des journalistes isolés un réseau de soutien
et des occasions de formation dans le domaine des médias. Grâce
à un projet financé par lUNESCO (Les femmes à
la Toile), WIMCA a pu fournir à ses bureaux nationaux un ordinateur
et une connexion de courrier électronique. Les femmes utilisent
le courrier électronique dans un projet spécial qui sintitule
« Les femmes parlent aux femmes » pour discuter des
besoins des femmes journalistes et des ONG.
La liberté de presse et la démocratie sont des questions
critiques en Asie centrale. WIMCA sest rendu compte quil y
avait un besoin tout spécial de travailler avec le personnel médiatique
et les journalistes pour sassurer quils comprennent la législation
actuelle concernant les médias et soient capables de participer
pleinement aux efforts actuels pour protéger la liberté
des médias garantie par la Constitution.
Malgré de sévères limites imposées
à la liberté de presse dans la République kirghize,
où la diffamation (bien souvent utilisée comme moyen de
poursuivre en justice les journalistes qui critiquent les fonctionnaires
de ladministration) est un délit depuis 1998, le courage
et la détermination des femmes journalistes nont pas été
ébranlés. En octobre 2000, la Fondation internationale des
femmes dans les médias a honoré Zamira Sydykova, rédactrice
en chef de Res Publica et lune des seules femmes à
la tête dun journal indépendant, pour le travail quelle
a accompli en exposant la corruption du gouvernement et des grandes entreprises
et le détournement des fonds publics. Elle a été
incarcérée, on lui a interdit à deux reprises de
travailler comme journaliste et elle fait lobjet dintimidations
juridiques continuelles de la part du gouvernement qui invoque la législation
relative aux médias.
La Ligue féministe du Kazakhstan (la première
organisation de femmes à être établie dans ce pays
en 1993) est vouée à promouvoir légalité
des femmes. Le service dédition de la Ligue, Malvina, a publié
une recherche très détaillée et objective, et la
seule, sur la condition de la femme dans le pays.
Son projet Analyse du statut de la femme dans la structure juridique
du Kazakhstan (qui se poursuit depuis 1995) est une réponse à
labsence totale de représentation officielle de défense
des femmes au Parlement. Elle a un site Web détaillé dans
lequel les femmes peuvent trouver des renseignements sur le travail et
les publications (en russe) de la Ligue.
Au Tadjikistan, le Centre des femmes Khujand (Gulruhsor)
se sert du courrier électronique dans ses campagnes et ses efforts
de lobby pour mettre en évidence la violence envers les femmes
dans la société. Les taux élevés de suicide
parmi les jeunes femmes sont inquiétants. Le suicide est le résultat
dune dépression causée par le manque de possibilités
de travailler, la double charge de travail, laccès insuffisant
à léducation et la médiocrité des services
sociaux et des services de santé.
Europe de lOuest et du Nord et Amérique du Nord
Les fusions de sociétés médiatiques, à
un rythme sans précédent, sont maintenant la norme au Canada,
aux États-Unis et en Europe de lOuest. La propriété
des médias devient toujours plus concentrée (cest-à-dire
quun nombre toujours moindre de groupes détiennent de plus
en plus de ressources) et convergente (cest-à-dire que la
même entité détient des intérêts dans
la presse imprimée, la télévision et Internet), combinant
souvent la propriété du contenu (journaux, stations de télévision,
connexions Internet) et du support (les presses, câbles, téléphones
ou réseaux sans fil). Sur les neuf plus grands conglomérats
médiatiques du monde, huit ont leur base dopération
en Europe ou en Amérique du Nord.
Cette situation menace la liberté de presse et risque de
marginaliser encore plus les femmes. Un exemple concret serait la situation
de la femme à la radio aux États-Unis. Alors que les différents
moyens de communication convergent et les services analogiques passent
au numérique (télévision), la concurrence pour les
nouvelles chaînes de diffusion séchauffe et les tendances
semblent indiquer que les fréquences de diffusion risquent dêtre
vendues au plus offrant au détriment des besoins des stations communautaires
et publiques.
Quelles sont les répercussions de cette tendance sur les
femmes ? En plus de labandon par les règlements américains
de leur rôle de protecteur dune ressource publique, la « Doctrine
déquité » qui obligeait les radiodiffuseurs
à inclure dans leurs émissions un minimum dinformations
dintérêt public a également été
abandonnée, ce qui a abouti à une situation où il
nexiste aujourdhui que très peu sinon aucune réglementation
(basée sur des normes définies par la communauté).
Pour aggraver encore les choses, les règlements daction affirmative
existants, qui encourageaient les stations de radio à préférer
des femmes propriétaires, ont été supprimés,
entraînant la diminution du nombre de femmes propriétaires
de média.
La révision de 1997 de la Loi sur les communications (qui
a augmenté le nombre démetteurs de radio-télévision
quune seule société pouvait posséder) privilégie
les diffuseurs grand public commerciaux (spécifiquement la télévision)
dans lattribution des fréquences et la concurrence commerciale
pour les fréquences. Cela a contribué à créer
une situation où le prix des stations de radio et de télévision
est monté en flèche et dépasse les moyens financiers
des petits diffuseurs. Les stations entre les mains de femmes ou servant
leurs intérêts, qui ont tendance à être plus
petites, sont des victimes évidentes de cette vague folle de fusions
et de constitution de monopoles.
Une fois que les conglomérats détiennent le contrôle
des médias, les femmes deviennent leur dernier souci. « Les
médias sont supposés être au centre, un moyen de communication,
un lien entre lémetteur et le recepteur, » déclarait
Joëlle Palmieri, du groupe médiatique féministe français
les Pénélopes.
Le Projet mondial de surveillance des médias (PMSM) de 2000
indique quen Europe les femmes représentent 19 % des
sujets traités par les médias ; leur exclusion des
nouvelles « chaudes », telle la politique européenne,
ne peut être expliquée par leur absence de cette scène.
Le projet PMSM souligne quil y avait de nombreuses occasions
dinclure les points de vue et perspectives des femmes dans les reportages,
mais que les journalistes de presque tous les médias avaient recours
presque uniquement aux responsables et porte-parole masculins. Cela malgré
le fait que la Commission européenne et le Parlement européen,
sources abondantes de commentaires sur les informations, comprennent un
nombre considérable de femmes à des postes de décision.
Les TIC
LAmérique du Nord, lEurope du Nord et lEurope
de lOuest sont des chefs de file pour ce qui est de lusage
des TIC. Pourtant, dans ces sous-régions tout comme dans le reste
du monde, « lusage de l'Internet reste hautement concentré
dans quelques pays, montre des signes de ralentissement dans plusieurs
autres, et des centaines de millions de citoyens nont aucune intention
immédiate de se mettre en ligne ». Alors que lEurope
du Nord, lAmérique du Nord et les Pays-Bas les adoptent avec
enthousiasme (de 40 à 60 % de leur population respective utilisent
Internet), lEurope du Sud et de lEst ont des taux dadoption
beaucoup plus bas (France 22 %, Espagne 18 %, Italie 16 %,
Pologne 11 %).
Les femmes utilisent Internet proportionnellement plus dans les
pays où les populations utilisent davantage Internet : par
exemple, aux États-Unis, où plus de la moitié de
la population utilise Internet, les femmes représentent environ
48 % des utilisateurs, alors quen Espagne où les utilisateurs
dInternet se chiffrent à 18 % de la population, seulement
un tiers (33,5 %) de ceux-ci sont des femmes.
Lamélioration de linfrastructure et la chute
des coûts de léquipement et de la connexion se sont
traduits par une augmentation considérable de lusage dInternet
pour toutes les populations en Amérique du Nord, bien que des lacunes
persistent parmi les minorités ethniques et linguistiques ainsi
quune disparité entre les populations urbaines et rurales.
Les Canadiens francophones utilisent Internet moins que les Canadiens
anglophones, les Noirs et les hispaniques aux États-Unis de moins
en moins que les populations blanches, les populations rurales moins que
les populations urbaines dans les deux pays. Il est à noter que
même si les femmes utilisent Internet moins que les hommes, les
femmes noires et hispaniques aux États-Unis enregistrent des taux
légèrement plus élevés (juste au-dessus de
2 % ) que leurs homologues masculins.
Il y a une absence grave de financement pour les initiatives TIC
destinées aux femmes depuis Beijing dans les pays considérés
comme « développés ». Ironiquement,
ce sont les pays dits « riches » où cela
est encore plus manqué les pays dEurope de lOuest
en particulier étant donné quil y a des sources
de financement relativement mieux développées aux États-Unis
et, dans une moindre mesure, au Canada et dans les pays dEurope
du Nord.
Le programme « Un Canada branché »,
administré par Industrie Canada, a tendance à considérer
les femmes comme représentant « un groupe dintérêt
spécial ». VolNet, le principal projet pour connecter les
groupes de la société civile au Canada, considérait
également les femmes en ces termes et cest seulement grâce
à dintenses efforts de lobby que les femmes ont réussi
à se faire considérer en tant que groupe prioritaire.
Le « Programme daccès communautaire »
qui vise à établir des télécentres dans les
régions rurales et urbaines a refusé de financer des projets
de télécentres exclusivement féminins, en expliquant
que ces projets doivent offrir au public un accès universel :
cest-à-dire un accès aux hommes et aux femmes. Ce
critère duniversalité, combiné à labsence
dune analyse sur la problématique homme-femme concernant
limpact de ces initiatives majeures (des centaines de millions de
dollars), signifie que les programmes, tel le Programme daccès
communautaire, pourraient en fait approfondir lécart qui
existe au Canada entre ceux qui utilisent les TIC et ceux qui restent
en marge.
Sauvegarder lespace collectif des ondes
« Les femmes doivent surveiller de très près
les règlements médiatiques et mobiliser tous leurs efforts
personnels et organisationnels pour faire opposition à la privatisation
totale de cette ressource sans égard à la responsabilité
et à laccès publics. Une fois que nous aurons perdu
tout contrôle de cette ressource, il nous sera pour ainsi dire impossible
de le reprendre. Les modèles de propriété qui ont
pris forme aux États-Unis ne manqueront pas dêtre vigoureusement
promus au niveau international et dans tous les autres pays. Une première
étape serait d'obtenir que les ONG de femmes soient représentées
au Comité technique de lUnion internationale des Communications
qui attribue les ondes de diffusion à travers le monde. Actuellement,
lUnion ressemble à une OMC où ce sont les entreprises
et les gouvernements qui prennent les décisions sans aucune consultation
de la société civile. (En fait, les entreprises sont aujourdhui
plus nombreuses que les gouvernements à la table des négociations,
où le rapport est à 400 pour 1.) » (Frieda
Werden).
Le Réseau des femmes européennes de lAMARC
remarque que lusage de la radio communautaire sest révélé
un outil efficace pour donner aux femmes une autre voix que celle qui
est déformée et stéréotypée par les
médias de grande diffusion. Les femmes représentent 46 %
des directeurs de stations communautaires en Europe de lOuest ;
ce chiffre est bien inférieur en Europe centrale et orientale,
où il diminue progressivement en allant vers lEst. De plus,
bien quil y ait une myriade de lois et de règlements régissant
lutilisation et lattribution des fréquences de diffusion
pour la diffusion communautaire au niveau national, il ny a pas
de programmes européens « destinés spécifiquement
aux médias communautaires ». Malgré cela, le
nombre de radios communautaires dans la région augmente tandis
que cette radio devient un outil utilisé couramment par les groupes
de femmes pour disséminer linformation et développer
leurs activités.
La nécessité dintégrer une approche
de planification égalitaire aux politiques de la Société
de linformation
Lélargissement de la connectivité et de linfrastructure
des télécommunications et la déréglementation
des monopoles de télécommunication représentent des
priorités pressantes, comme le constatent des gouvernements nationaux,
des institutions européennes (Plan daction europe 2000 du
Conseil de lEurope), des initiatives des bailleurs de fonds (OSI)
et des organismes de lONU (Bureau régional du PNUD pour lEurope
et la CEI), ainsi que des ONG des médias et de la communication.
Mais ce sont principalement les ONG de femmes et des médias,
en partenariat avec des bailleurs de fonds et des organismes de lONU,
qui demandent quune planification en matière dégalité
des sexes soit appliquée lors de lélaboration des
politiques et des programmes de la Société de linformation.
Des réseaux de femmes, tel le Lobby européen des femmes,
ont mis en évidence labsence presque totale de planification
en matière dégalité des sexes dans les politiques
nationales, régionales et internationales de la Société
de linformation.
Bien quelles soient parfois jugées comme une nécessité
dans lélaboration des politiques et quelles soient
même parfois recherchées, la planification en matière
dégalité des sexes et les perspectives tenant compte
de la sexospécificité sont souvent considérées
comme un « ajout » que lon demande aux groupes
de femmes d'apporter à lélaboration des politiques
longtemps après létablissement du cadre conceptuel.
Nouvelles alliances, nouvelles tendances
Lusage que font les femmes des médias et des TIC est
une tendance encourageante. Les femmes et la société civile
élaborent de nouvelles stratégies pour sopposer à
la réduction constante de lespace que les médias accordent
aux femmes, à la perspective homme-femme « définie
par les hommes » qui infiltre la plupart des informations que
nous transmettent les médias conventionnels et aux répercussions
dévastatrices que la mondialisation a sur nos vies.
Les organisations et réseaux décrits plus haut et
dautres, comme le groupe européen WomenAction, la Coalition
KARAT et le réseau Network of East West Women (NEWW), construisent
des ponts entre eux et entre des médias de femmes et des médias
parallèles, engendrant un contenu axé sur la femme dans
une perspective féministe. Ils utilisent une multitude de médias
pour offrir une plate-forme aux femmes sur les questions les concernant.
La voix des femmes se fait entendre au niveau régional et international
comme jamais auparavant grâce à lusage dun mélange
de technologies nouvelles (Web-télévision, Internet-radio,
sites Web, listes denvoi) et anciennes (journaux, radio analogique,
vidéo).
Les collaborations avec les nouveaux services indépendants
de nouvelles et dinformation (en particulier dans les régions
des NEI et des CEI) jouent un rôle important dans la revendication
de nouveaux espaces médiatiques. Des initiatives telles que IndyPress,
Internews et le Réseau international des journalistes constituent
dimportants mouvements médiatiques parallèles avec
lesquels les organisations de femmes peuvent traiter.
Les droits relatifs à Internet
Les groupes de femmes ont vu Internet comme un espace relativement
libre et constituant une tribune pour se faire entendre. La région
européenne revendique actuellement des changements législatifs
qui pourraient influer de façon fondamentale sur cette liberté
relative. Les expressions « droits relatifs à Internet »
ou « cyberdroits » sont habituellement utilisées
pour faire référence à ce domaine de travail.
Bien quil défende la pleine liberté dexpression
et dinformation dans les médias et quil reconnaisse
les conséquences négatives de la censure sur les sociétés
démocratiques par le biais de son document « Liberté
dexpression et dinformation dans les médias en Europe »,
le Conseil de lEurope (qui comporte 43 États membres de la
région européenne) se trouve être actuellement la
force motrice dans la préparation de lébauche de la
« Convention sur le crime cybernétique »,
considérée par de nombreux défenseurs des droits
relatifs à Internet de la société civile comme ayant
des répercussions graves sur le droit à la vie privée
et la présomption de linnocence avant davoir été
prouvé coupable (reconnu comme un droit de lhomme par la
Loi européenne sur les Droits de lHomme et la Charte européenne
des Droits de lHomme).
Au début, la législation relative à Internet
en Europe était considérée comme étant du
ressort des gouvernements nationaux. Ce que nous observons maintenant,
cest que les institutions européennes ont de plus en plus
tendance à assumer ce rôle, ce qui aura des répercussions
sur tous les pays dans la région et, à la longue, sur le
reste du monde.
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