Bulletin Quotidien No. 12
15 mars 2000, New York CSW WomenAction 2000 - Live at CSW
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Éditorial La représentante de l’Union européenne qui est intervenue le mardi matin au briefing des ONG a été claire: l’Europe souhaite que se tienne une conférence internationale en 2005. Mais cette déclaration de l’Europe n’est certainement pas suffisante pour rassurer la grande majorité des femmes qui participent à cette Prepcom. En effet, il n’est pas certain que le texte final sera achevé à la fin de cette semaine tandis que, de surcroit, des rumeurs circulent selon lesquelles les conférences elles-mêmes pourraient cesser à l’avenir. Volonté politique ou manque de moyen ? Les raisons nous paraissent confuses et le manque de transparence sur l’avenir est plutôt pénible pour les femmes qui se sont investies dans ces rencontres. Des rencontres qui donnent sens et perspectives à leur travail militant de chaque jour. WomenAction 2000 distribuera son dernier numéro vendredi matin. Nous espérons être de retour en juin. Communiquer est le premier combat de notre équipe qui continuera à mettre ses compétences dans les différents médias au service des droits des femmes, partout dans le monde. A toutes celles qui seront déjà parties vendredi matin, nous voulons dire combien cette expérience de journal quotidien a été enrichissante pour notre équipe et, nous l’espérons, utile pour les participantes à la conférence. A bientôt sur Internet où vous retrouvez tous les numéros du journal en anglais, français et espagnol. WomenAction2000
NTIC La radio comme outil de communication pour l’action sociale des femmes La radio est d’une importance critique pour la communication et la mise en réseau, particulièrement pour les femmes des pays en voie de développement. Les nouvelles technologies tels que le courrier électronique et le Web deviennent de plus en plus accessible aux organismes de femmes. En relient ces outils nous pouvons fournir des sources d’information puissantes et immédiates, renforçant ainsi le travail pour l’avancement de la condition féminine. Un projet-pilote, basé chez WomensNet en Afrique du Sud, appelé Women’sNet Radio Exchange http://radio.womensnet.org.za/ vise à accroître les contenus des femmes sur les radios communautaires et de développer parmi les organismes de femmes la capacité de produire des contenus pour les informations et la programmation sur la radio communautaire. L’objectif est d’outiller les groupes participants, les habiliter en matière des informations et des communications. En plus d’un réseau électronique qui relie entre elles les radios communautaires et commerciaux ainsi que les organismes de femmes, la Radio Exchange a construit un portail Web de contenus radios sur les questions de femmes et de genre. Feminist International Radio Endeavor (FIRE) http://www.fire.or.cr/ relie les voix, les technologie set les actions, donnant une voix à celles qui n’en ont pas. FIRE veut promouvoir la présence des femmes dans les médias et diffuser des images non-stéréotypés de femmes dans les médias tout en reconnaissant et respectant la diversité des femmes. FIRE renforce la communication sur les plans local, national, régional et mondial, en anglais et en espagnol par radio et par Internet. Elles facilitent ainsi la diffusion des voix des femmes dans toute leur diversité, afin qu’elles puissent se faire entendre partout dans le monde, franchissant les barrières de nationalité, de culture, de race, de géographie et de langage, contribuant à réduire le fossé entre les sexes.
Entretien Pour la fécondité, pour le libre choix Satty Gill Keswani, née en Inde et résident actuelle du New Jersey, est l’une des organisatrices du Caucus Santé. ‘Mon travail est de créer la vie. Je suis directrice du Centre de fécondité Livingston. Les gens viennent me voir pour tomber enceinte; je veux qu’elles aient le droit de décider.’ Mmem Keswani fait la promotion de traitements contre la stérilité depuis 35 ans. ‘Mon messages aux jeunes femmes: ne différez pas la maternité. La fécondité décroît dès la mi-trentaine. La pilule contraceptive réduit la fécondité, ainsi que le font les infections génitales. Particulièrement en Afrique, les maladies transmises sexuellement et le HIV permettent à l’infertilité de gagner du terrain. Faites attention aux infections et ne prenez pas trop longtemps la pilule. Vous pouvez retarder votre carrière mais pas votre fécondité.’ Le planning familial est très important et implique l’éducation des hommes. ‘J’encourage l’usage du condom, mais beaucoup d’hommes refusent de les employer. Ils doivent apprendre que le plaisir sexuel est l’éjaculation, et qu’ils peuvent vivre ce plaisir en utilisant un condom.’ Malgré les nombreuses perturbations que ce caucus a subi aux mains de personnes qui ne respectent pas le Programme d’Action, il travaille actuellement sur des déclarations sur le HIV-SIDA, les droits génésiques et humains. ‘Je ne sais pas si nous aurons le moindre impact. Les opportunités d’intéragir avec les délégué-e-s sont très limitées.’ Lin Pugh
CAUCUS ONG Les femmes en tête des organismes médiatiques: signe de progrès L’augmentation du nombre de femmes à la tête de journaux, de radios et de réseaux télévisuels pourrait constituer un indicateur de conformité avec le Programme d’Action de Beijing. Voici le sens d’une déclaration émise par le Caucus Femmes et Médias le 10 mars. En citant la proposition des pays de l’Amérique Latine et des Caraîbes voulant que la participation des femmes et leur représentation dans les médias soient prises comme indicateur de progrès nationaux, les membres du Caucus ont promis de faire pression sur leurs gouvernements et les instances intergouvernementaux tels l’ONU afin que ceux-ci soutiennent des initiatives permettant aux femmes en tant que professionnelles des médias d’atteindre des postes de haut rang dans les médias. Les participantes ont toutefois insisté que, quoiqu’il pourrait servir d’indicateur partiel, l’augmentation du nombre des femmes dans des postes décisionnels dans les médias ne garantit pas une représentation non-stéréotypée des femmes dans les médias. Des efforts soutenus de sensibilisation auprès des acteurs dans les médias seront toujours nécessaires. Mavic Cabrera-Balleza Enjeux émergeants Les femmes craignent que la vie elle-même ne soit menacée par la commercialisation de l’eau et l’invention de la ‘nourriture miracle’ Des déléguées ONG de tous les continents se rencontrent tous les jours ici au PrepCom afin d’assurer que les enjeux émergeants reliés à l’environnement soent prises en compte dans le document Outcomes. Le Programme d’Action reconnaît que l’accès à de l’eau propre et sécuritaire est un enjeu pour la santé des femmes et de leur famille. Toutefois, la mondialisation et les négociations commerciaux (qui n’intègrent pas d’analyse différencié par les sexes) menacent cet accès parce que les grandes corporations cherchent à profiter de cette ressource très accessible. L’eau, partout dans le monde se fait contaminer partout dans le monde, particulièrement là où la nappe phréatique se fait surexploiter. Déjà l’eau est embouteillée et mise en vente comme une commodité, souvent sans un réel réglementation afin d’en assurer la qualité. Dans certains pays le prix trop élevé empêche les plus pauvres de l’acheter, ce qui les oblige de se priver d’eau ou de risquer d’utiliser des sources très contaminées. Les délégué-e-s ont demandé l’intégration du Principe de Précaution (tel qu’endossé dans la Déclaration de Rio) dans les règlements régissant la culture et la promotion d’organismes génétiquement modifiés, qui peuvent parfois constituer un danger à des organismes naturels utiles et nécessaires. De plus, elles demandent l’étiquetage claire et obligatoire de tout aliment ou produit alimentaire pouvant contenir des ingrédients génétiquement modifiés. ‘Nous rappelons aux gouvernements que le Paragraphe 2539(d) du Programme d’Action de Beijing affirme qu’il relève d’eux de prendre des mesures appropriées pour diminuer le risque aux femmes découlant de menaces environnementaux dans la maison, au travail et dans d’autres environnements.’ Caucus sur les femmes et les conflits armés Vendredi dernier (10 mars), le Caucus sur les femmes et les conflits armés a rencontré les délégations gouvernementaux. Plusieurs gouvernements, dont celui des Etats-Unis, soutiennent l’objectif du caucus qui est de tenir une session ouverte du Conseil de Sécurité sur les femmes dans les conflits armés. Comme premier pas, le caucus tiendra un briefing pour les délégué-e-s des gouvernements sur le Conseil de Sécurité mercredi le 15 mars (l’heure et le lieu sont à déterminer). Le Caucus sur les femmes et les conflits armés veut insister sur la pertinence des femmes comme agentes de paix et de leur contribution aux processus. Trois membres du caucus, de régions différentes (Afrique Centrale et les Balkans) présenteront des initiatives prises par des femmes. Le message qu’elles veulent transmettre est que la guerre et les conflits sont les obstacles les plus sévères à la mise en œuvre du Programme d’Action. Les priorités du caucus francophone : le pouvoir et le développement Les femmes doivent parvenir au pouvoir de décision dans plusieurs domaines et à plusieurs niveauxcar dans la société, en particulier la société mondialisée, il existe une interaction entre tous les domaines: l’économique, le politique, le médiatique. La sphère politique: la parité homme femme 50 à 50 dans les assemblées élues; il est nécessaire de prévoir des quotas progressifs à chaque élection avec un calendrier programmé à chaque élection; il faut inciter les femmes à se présenter et mettre en avant celles qui ont déjà été élues car c’est un facteur motivant d’avoir des modèles. La formation des femmes à l’exercice du mandat électif qu’elles sollicitent est indispensable: prendre la parole en public; apprendre la gestion publique; etc. La sphère économique: l’application de la convention de l’OIT pour le droit au travail et la non discrimination à l’embauche; les gouvernements doivent prendre conscience que la pauvreté s’est développé dans la société globalisée, qu’elle touche davantage les femmes et que des mesures doivent être prises; des actions positives doivent être engagées telles que l’accès aux ressources; eau, terre, micro crédit, formation et information. La sphère sociale: développer le dialogue social avec les syndicats et les partenaires sociaux; la formation des femmes qui ont des responsabilités syndicales. Interaction avec les médias: l’accès des femmes aux médias est indispensable pour qu’elles soient visibles et puissent accéder au pouvoir. Elles doivent être formées pour savoir utiliser le pouvoir des médias.
Transversales Les femmes et les filles handicapées font face à une double discrimination Des femmes de toutes les régions du monde ont organisé un Caucus sur les femmes handicapées afin promouvoir une sensibilité et une protection accrues pour les femmes handicapées dans la mise en œuvre du Programme d’Action de Beijing. Kathy Martinez du Women’s Institute for Disability, aux Etats-Unis, exprime la position du caucus: ‘Nous devons inclure les incapacités comme un enjeu viable pour les femmes! Non seulement les femmes sont celles qui risquent le plus de devenir handicapées à cause de la pauvreté, la violence, les conflits armés ou les soins médicaux sous-standards, de plus c’est à nous qu’on fait appel pour devenir soignantes lorsque les gens autour de nous deviennent handicapés.’ Le caucus sur les femmes handicapés a rédigé une feuille d’informations intitulée Femmes handicapées: un bref survol mondial. Cette feuille montre le lien entre l’invalidité et les autres domaines prioritaires du Programme d’Action. Le caucus décrit la relation cyclique qui a cours entre la pauvreté et l’invalidité, démontrant que les pauvres sont plus à risque de devenir invalides à cause de leurs conditions de vie et que seulement le quart des femmes handicapées à travers le monde occupent un emploi. Le document indique que le taux d’alphabétisation parmi les personnes handicapées à travers le monde est de 3% et que les femmes et les filles handicapées sont souvent privées de nourriture et d’accès aux soins de santé. Il offre des statistiques sur les liens entre l’invalidité et la violence, les conflits armées et la jeune fille. Kathy Martinez dit avec confiance que le mouvement international des femmes est davantage réceptif à l’invalidité comme enjeu prioritaire viable. Toutefois, les femmes des autres caucus doivent veiller à ce que la mention de l’incapacité soit intégré dans leurs domaines prioritaires. Pour information, contactez Harilyn Rousso Tél/Fax 212-673-4284, courriel harilynr@aol.com Alexandra Spieldoch Xénophobie Le racisme est un phénomène durable, embriqué dans toutes les structures de la société. Le racisme est à la fois un symptome de la violence et une cause de violence à l’égard des femmes. Le racisme est un déterminant de la santé physique, émotionnelle, mentale et spirituelle des femmes de couleur, des femmes noires et autochtones. Voici les raisons données par le Caucus des Femmes de couleur pour insister sur l’importance de considérer la joncure du racisme et la discrimination fondée sur le sexe. Il s’agit d’éléments définitifs qui devraient orienter nos actions visant à éliminer, une fois pour toutes, ces deux réliques de l’histoire qui affectent la majorité des femmes dans le monde. Le racisme affecte tous les aspects de la vie des femmes et constitue une violation majeure des droits humains, d’autant plus qu’il coïncide avec d’autres facteurs historiques, aggravant les processus discriminatoires. Dans le cas de la mondialisation, par exemple, l’hégémonie du secteur financier et des corporations transnationales, génère un dyn amique qui augmente l’exclusion des femmes de couleur des sphères économiques mais aussi des questions sociales. Pour cette raison, le Caucus des Femmes de couleur espère non seulement que cet enjeu deviendra un élément important dans les stratégies de suivi de Beijing mais aussi qu’il y aura des liens significatifs avec la Conférence Mondiale Contre le Racisme, la Xénophobie et Toutes Formes de Discrimination, qui sera tenue en 2001. Irene Leon Les femmes autochtones luttent pour leurs droits Le Caucus des femmes autochtones a organisé un panel le 13 mars où elles ont analysé le racisme contemporain et l’accès des femmes autochtones à la participation politique. Lea Nicholas-MacKenzie (Canada), Patricia Lees (Australie), Esther Camac (Perou), Monica Aleman et Myrna Cunningham (Nicaragua) ont parlé du besoin de travailler fort sur la construction de l’identité des femmes autochtones. Elles ont souligné que la culture et la spiritualité des femmes autochtones sont riches en ressources et que celles-ci peuvent servir à rebâtir l’équilibre entre hommes et femmes dans leurs communautés. Myrna Cunningham, rectrice de l’Université des Régions Autonomes de la Côte des Caraïbes de Nicargua, a fait noté que les droits des femmes autochtones se basent sur trois droits fondamentaux: le droit à l’autodétermination, le droit à la terre et la participation politique. Elle a dit qu’il n’y a pas, à l’heure actuelle, de peuple autochtone qui revendique l’indépendance, ce qu’ils demandent est plutôt une restructuration complète de l’État afin que d’importants changements culturels et sociaux puissent avoir lieu, permettant de construire une démocratie multi-ethnique.
PrepCom vu de l’intérieur Il se dit que le PrepCom ne terminera pas les travaux sur la Section IV du document Outcomes, titré ‘Actions et initiatives pour surmonter les obstacles et atteindre la mise en œuvre intégrale et accélérée du Programme d’Action de Beijing’. On dit que les gouvernements ralentissent le processus. WomenAction mène des entretiens avec des membres de délégations officielles, choisies au hasard, et voici ce qu’elles nous ont déclaré: ‘Plusieurs gouvernements n’iront pas au-delà du langage accepté dans le Programme d’Action. C’est triste, parce que nous devions être en train de regarder la mise en œuvre accélérée.’ --Eleanor Conda, délégation des Philippines ‘Je crains que nous ne puissions pas terminer le document Outcomes d’ici la fin de la semaine; nous n’avons même pas fait une première lecture de toutes les paragraphes.’ -- Zou Xiaoqiao, délégation de la Chine Mavic Cabrera-Balleza, 13 mars 2000
Agenda Le Caucus Lesbien tiendra un panel Mardi 13 Mars 1:45 – 2:45, dans la salle de conférence 6 des Nations Unies afin de faire un rapport sur les éxperiences provenat des régions sur l’intégration de la séxualité et des droits humains.
Événements Spéciaux Nous sommes tous ici pour la dignité des êtres humains Plusieurs perturbations ont marqué ces derniers jours à la CSW de l’ONU. Vendredi le 10 mars, par exemple, une déléguée ONG assise près du kiosque des nouvelles au cafétéria de l’ONU s’est trouvé encerclée par plusieurs jeunes gens. Ils priaient à voix haute tout autour d’elle. Quand elle leur a demandé pourquoi ils la harcelaient, leur réponse fut qu’ils ‘priaient pour sa dignité’. Par de tels actes, ces gens, qui portent des macarons rouges ou bleus au slogan ‘maternité’ ou ‘famille’ ont envahi son espace personnel, violant ainsi les règles du dialogue politique des Nations Unies. Un certain nombre de personnes actives dans les mouvements ‘pro-life’ ont été reconnu parmi les représentants ONG à la CSW, fait plutôt décourageant pour nous qui sommes ici pour fêter les 5 ans du Programme d’Action, particulièrement les nombreux ONG de femmes qui triment dur pour la mise en œuvre des droits sexuels et reproductifs. De plus, le secteur ONG est un espace alternatif qui permet aux gens d’exprimer leurs besoins et le droit de parole est très prisé. Il est très clair ce qui arrive à des ONG qui harcèlent les délégué-e-s gouvernementaux. Par contre il n’y a pas de système en place pour les fois où des ONG sont victimes de harcèlement de la part d’autres ONG. Nous voulons que notre travail ici à l’ONU soit aussi efficace que possible. Un atmosphère dans lequel les personnes ont peur de parler ouvertement dans les réunions, où elles se font observer, voire attaquer en dehors des réunions peut facilement miner tous les efforts que nous avons faits pour que ces forums internationaux pour l’avancement des femmes aient lieu. Si les gouvernements veulent vraiment profiter des contributions constructives des ONG, nous demandons au comité directeur ONG de Beijing +5 d’organiser un système de protection contre les perturbations et l’harcèlement. De plus, nous demandons aux responsables d’explorer la possibilité d’un système d’évaluation de la conduite des ONG qui permettrait de pénaliser les ONG ayant le statut consultatif ECOSOC qui participent à de telles activités de perturbation. Si vous êtes confronté-e à une situation d’harcèlement, vous pouvez appeler les services de sécurité de l’ONU au 963-6666. À l’intérieur de l’édifice de l’ONU, composez le 36666. Lenka Simerska
WomenAction 2000, est un réseau mondial d’informations et de médias permettant aux ONG d’engager activement au processus de suivi de Beijing dans le but à long terme de l’empowerment des femmes, avec un focus spécial sur les femmes et les médias. M Bjork, S Boezak, M Cabrera-Balleza, B Finke, S Hackett, I Leon, D Plou, L Pugh, L Simerska, I Massu, M Dessenne.
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